Prothèse d’épaule : méthodes opératoires et rééducation

Base de Connaissances Physiothérapie
La prothèse d’épaule est la troisième arthroplastie pratiquée derrière la prothèse totale de la hanche et du genou en chirurgie orthopédique et traumatologique La prothèse d'épaule est une intervention chirurgicale qui consiste à remplacer l'articulation de l'épaule par une prothèse articulaire. Elle peut être partielle ou totale.

Les prothèses d’épaules : méthodes opératoires et rééducation

La prothèse d’épaule est la troisième arthroplastie pratiquée derrière la prothèse totale de la hanche et du genou en chirurgie orthopédique et traumatologiqueLa prothèse d’épaule est une intervention chirurgicale qui consiste à remplacer l’articulation de l’épaule par une prothèse articulaire. Elle peut être partielle ou totale.Cette intervention est généralement proposée lorsque l’articulation de l’épaule est endommagée ou usée, et qu’elle entraîne une douleur importante et, ou une perte de mobilité. Les causes principales sont diverses : omarthrose, rupture des tendons de la coiffe des rotateurs, certaines pathologies rhumatismales …

Dans cet article, nous allons examiner les chiffres de santé publique, la physiopathologie, les techniques opératoires et l’intérêt de la physiothérapie suite à l’opération.

Chiffres de santé publique

Selon les données de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), environ 15 000 prothèses d’épaule sont posées chaque année en France. Ce chiffre est en constante augmentation depuis plusieurs années, en raison notamment du vieillissement de la population et de l’augmentation de l’espérance de vie.
La prothèse totale est la troisième arthroplastie la plus pratiquée après la prothèse totale de hanche et de genou en chirurgie orthopédique.

Suivant le mode opératoire (prothèses d’épaule anatomiques versus prothèses d’épaule inversées), les résultats à court et moyen termes sont globalement bons.
Il ressort un résultat au test fonctionnel de Constant de 95% de réussite sur les prothèses anatomiques et de 70% sur les prothèses inversées.
A plus long terme, les prothèses anatomiques voient leur taux de dégradation augmenter. Ceci est essentiellement dû à un décollement du composant glénoïdien.

Lorsque les prothèses nécessitent une reprise chirurgicale, le taux de réussite avoisine les 80%.

Définitions et indications

L’articulation de l’épaule est une articulation complexe qui permet de nombreux mouvements. Ce qui la rend particulièrement instable.
Au niveau osseux, l’articulation gléno-humérale est composée de l’humérus et de l’omoplate. L’humérus est un os long recouvert au niveau supérieur de cartilage. L’omoplate quant à elle, est un os plat qui s’articule avec l’humérus au niveau d’une zone appelée cavité glénoïde.
Dans ce complexe, il existe une autre articulation essentielle à la stabilisation de l’épaule. C’est l’articulation acromio-claviculaire entre la clavicule et l’os acromial (excroissance sur la face supéro-antérieure de l’omoplate).
La congruence articulaire est assurée par une capsule articulaire renforcée par un ensemble de ligaments et de muscles.
La principale structure musculaire ayant un rôle prépondérant est la coiffe des rotateurs.
Elle forme comme un chapeau au-dessus de la tête humérale. Elle se compose de 4 tendons:

  • le sub-scapulaire : rotateur interne du bras
  • le petit rond : rotateur externe du bras
  • le sus-épineux : élévation antérieure de l’épaule et rotateur externe du bras
  • le sous-épineux : rotateur externe du bras

Ils stabilisent la tête de l’humérus en évitant son ascension contre l’auvent constitué de l’acromion et du ligament coraco-acromial.
* image d’une articulation gléno-humérale : une représentation articulaire et une musculaire

Lorsque l’articulation est endommagée ou usée, cela peut entraîner une douleur importante et une perte de mobilité. Les causes les plus courantes de l’usure de l’articulation de l’épaule sont l’arthrose, les fractures ou les lésions traumatiques.
Il existe plusieurs techniques opératoires pour la pose d’une prothèse d’épaule. Les techniques les plus courantes sont la prothèse totale d’épaule anatomique et la prothèse inversée d’épaule. La prothèse totale d’épaule consiste à remplacer l’articulation de l’épaule par une prothèse en métal et en plastique, tandis que la prothèse inversée d’épaule consiste à inverser la position de la tête de l’humérus et de la cavité glénoïde pour rétablir la fonction de l’épaule.* image PTEA et PTEI
Les indications divergent suivant la pathologie initiale de l’épaule.
La prothèse totale d’épaule anatomique est recommandée dans les atteintes dégénératives et inflammatoires de l’épaule avec une coiffe des rotateurs saine comme par exemple:

    • une omarthrose primitive
    • une ostéonécrose aseptique
    • une polyarthrite rhumatoïde
    • une arthrose post-traumatique

 

La prothèse totale d’épaule inversée sera préférée lorsque la coiffe des rotateurs est irréparable ou qu’il y a une atteinte significative de la gléno-humérale, comme par exemple:

      • une omarthrose excentrée
      • une omarthrose avec rupture postérieure de la glène
      • une épaule pseudo-paralytique sur rupture de coiffe
      • un échec de chirurgie de coiffe des rotateurs
      • une pseudarthrose humérale proximale
      • une séquelle de fracture
      • une fracture humérale proximale en 3 ou 4 parties chez la personne de plus de 70 ans
      • une tumeur ayant nécessité une résection de coiffe des rotateurs

Il n’y a pas de limite d’âge à la pose d’une prothèse d’épaule. Même si les complications sont rares, elles peuvent exister. Parmi les complications les plus fréquentes, on retrouve:

      • La raideur de l’épaule, possible surtout durant les premières semaines et fonction de l’état pré-opératoire de l’épaule ou lors d’un traitement prothétique pour fracture. La rééducation permet en général de la traiter.
      • L’usure de la prothèse, conduisant au descellement aseptique, survient en général tardivement à plus de 10 ans. Il est parfois nécessaire d’effectuer une reprise chirurgicale de la prothèse.
      • L’infection est une complication grave mais heureusement très rare (traitée essentiellement par antibiothérapie avec ou sans retrait de la prothèse).
      • L’instabilité est rare pour les prothèses totales et les hémiprothèses, de 3% pour les prothèses d’épaule inversées.
      • Les lésions neurologiques et vasculaires, rares, mais toujours possibles.

Les suites opératoires seront sensiblement différentes en fonction de la technique chirurgicale.
La rééducation se déroule en deux phases majeures, de 0 à 30 jours et de 30 jours à 90 jours.
Pour la prothèse totale inversée nous retenons ces conseils:

Phase 1 (0 à 30 jours) : Pendant environ 15 jours votre coude sera immobilisé au niveau du corps grâce à une attelle. On cherche surtout à diminuer les douleurs et l’intensité de la phase inflammatoire avec des applications de glace, des anti-inflammatoires et des antalgiques. La physiothérapie sera très utile avec des techniques de décontraction musculaire au niveau cervical. L’omoplate est mobilisée en actif et en passif. Il est possible d’effectuer des élévations antérieures du bras en actif aidé en demandant au patient une contraction du muscle deltoïde afin de stabiliser la prothèse. Enfin, des rotations externes actives aidées et limitées à 0° sont mises en place de manière douce en gardant le coude au corps. Il est important de ne pas réaliser de travail au niveau des rotateurs internes, de mouvements pendulaires, et de protéger le sous-scapulaire suturé pendant 1 mois. On recherche durant cette phase une autonomie fonctionnelle mesurée.
Phase 2 (30 à 90 jours) : au cours de cette seconde phase, les objectifs sont la récupération des amplitudes articulaires passives et la récupération de la fonction musculaire. La rééducation est axée sur du renforcement musculaire en isométrique et excentrique. Les amplitudes articulaires sont travaillées passivement et en actif aidé. On respecte le principe de non douleur. La pouliethérapie est interdite.

La prothèse totale d’épaule anatomique répond aux mêmes recommandations avec quelques nuances. Les conseils principaux sont:

Phase 1 (0 à 30 jours) : Pendant environ 21 jours votre coude sera immobilisé au niveau du corps grâce à une attelle. On cherche surtout à diminuer les douleurs et l’intensité de la phase inflammatoire avec des applications de glace, des anti-inflammatoires et des antalgiques. La physiothérapie sera très utile avec des techniques de décontraction musculaire au niveau cervical. L’omoplate est mobilisée en actif et en passif. Le physiothérapeute travaille également l’élévation antérieure du bras en passif mais seulement en position allongée dans le plan d’élection de l’omoplate en rotation neutre. Enfin, des rotations externes actives aidées et limitées à 0° sont mises en place de manière douce en gardant le coude au corps. Il est aussi important de protéger le sous-scapulaire suturé pendant 30 jours et il faut éviter le travail des rotateurs internes et rester prudent en rotation externe.
Phase 2 (30 à 90 jours) : au cours de cette seconde phase, les objectifs sont la récupération des amplitudes articulaires passives et la récupération de la fonction musculaire. La rééducation est axée sur du renforcement musculaire en isométrique et excentrique. Les amplitudes articulaires sont travaillées passivement et en actif aidé. On respecte le principe de non douleur. La pouliethérapie est interdite.

L’intérêt de la physiothérapie à domicile ou en cabinet suite à l’opération

Après la pose d’une prothèse d’épaule, la physiothérapie est essentielle pour permettre une récupération rapide et efficace. Quel que soit le type de prothèse mise en place, la rééducation débute dès le lendemain de l’opération et se poursuit en ambulatoire sur plusieurs mois.

Nous retiendrons que la physiothérapie post-opératoire est essentielle, vivement recommandée et apporte de nombreux avantages tels que:

      1. Réduire la douleur: la physiothérapie peut aider à réduire la douleur et l’inconfort ressentis après la chirurgie en utilisant des techniques telles que la thérapie manuelle, l’électrothérapie et la cryothérapie.
      2. Améliorer la mobilité: la physiothérapie peut aider à améliorer la mobilité de l’épaule en travaillant sur l’extension, la flexion, l’abduction et l’adduction de l’épaule. Les exercices d’étirement et de renforcement peuvent également aider à améliorer la mobilité de l’épaule.
      3. Accélérer la récupération: la physiothérapie peut aider à accélérer la récupération en augmentant la circulation sanguine, en favorisant la guérison des tissus et en prévenant les complications postopératoires.
      4. Améliorer la fonction: la physiothérapie peut aider à améliorer la fonction de l’épaule en travaillant sur l’endurance, la force et la coordination musculaire.
      5. Éviter les complications: la physiothérapie peut aider à prévenir les complications postopératoires telles que la raideur de l’épaule, la capsulite rétractile et la luxation de la prothèse.

La physiothérapie est un élément clé du processus de récupération après la pose d’une prothèse d’épaule, car elle peut aider à réduire la douleur, améliorer la mobilité, accélérer la récupération, améliorer la fonction et prévenir les complications.

La rééducation à domicile montre une efficacité identique à une prise en charge en cabinet. Elle permet une intervention rapide d’un physiothérapeute chez les personnes dans l’incapacité de se déplacer ou ayant une contre indication à la prise en charge en cabinet.

Conclusion

En conclusion, la pose de prothèse d’épaule est une intervention chirurgicale qui peut améliorer considérablement la qualité de vie des patients souffrant de diverses pathologies de l’épaule. Les indications chirurgicales pour une pose de prothèse d’épaule comprennent les fractures de l’épaule, les arthroses sévères, les ruptures de la coiffe des rotateurs et les maladies inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde. Les patients doivent être soigneusement évalués pour déterminer s’ils sont candidats à une pose de prothèse d’épaule et pour choisir le type de prothèse le plus approprié. Il est important que les patients soient informés des risques et des avantages de l’intervention afin de prendre une décision éclairée quant à leur traitement. Enfin, une rééducation postopératoire appropriée, comprenant la physiothérapie, est essentielle pour une récupération optimale et pour assurer que les patients récupèrent leur fonctionnalité de l’épaule et leur qualité de vie.

La physiothérapie est un élément essentiel de la récupération après une pose de prothèse d’épaule. Les exercices de physiothérapie peuvent aider à réduire la douleur, améliorer la mobilité, accélérer la récupération, améliorer la fonction et prévenir les complications. Il est important de suivre un programme de physiothérapie personnalisé pour maximiser les avantages de la thérapie et favoriser une récupération optimale. Les physiothérapeutes jouent un rôle crucial dans la récupération après une pose de prothèse d’épaule et peuvent aider les patients à retrouver leur mobilité, leur force et leur fonctionnalité de manière efficace et en toute sécurité.

Découvrez nos évaluations cliniques en ligne

Obtenez des résultats instantanés sur votre état de santé pour un traitement plus rapide et plus précis.